Pourquoi Révolution communiste? Déclaration de la rédaction

Nous sommes heureux d’annoncer le lancement d’un nouveau journal : Révolution communiste. Pour beaucoup de gens, cela peut paraître surprenant. Une révolution communiste, ici au Canada? OUI! Croyez-le ou non, le communisme est de plus en plus populaire au Canada. C’est précisément dans le but de rassembler les communistes d’ici au sein d’une organisation que nous lançons ce nouveau journal communiste révolutionnaire.

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Le communisme au Canada

La plupart des gens ont une compréhension totalement erronée du communisme. Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Dès ses débuts, le mouvement communiste a été violemment attaqué par les classes dirigeantes de toutes les nations. Déjà, en 1848, dans le Manifeste du Parti communiste, Marx écrivait : « Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre. »

Au Canada, l’une des principales nations impérialistes du monde, des générations ont été soumises à l’hystérie anticommuniste maccarthyste, qui est toujours bien vivante. Le ministre de l’Éducation de l’Ontario, Stephen Lecce, a récemment lancé une nouvelle initiative pour s’assurer que les élèves de la province apprennent « les dangers du communisme » et « embrassent les valeurs démocratiques ». Venant de quelqu’un qui a violé le droit constitutionnel de grève des enseignants à l’automne 2022, Lecce est mal placé pour donner des leçons sur les « valeurs démocratiques » à qui que ce soit.

En raison de cet assaut de la classe dirigeante, beaucoup de gens pensent que le communisme signifie exactement le contraire de ce qu’il signifie en réalité. Au lieu d’une société libérée de l’oppression et de l’exploitation, nombreux sont ceux qui pensent que le communisme est une société où il n’y a pas de liberté d’expression ou d’individualité, et où toute la population est sous la coupe d’un régime totalitaire.

Au mieux, la rengaine habituelle est que le communisme « est une belle idée, mais ne fonctionne pas en pratique ». Parallèlement, toute une industrie se consacre à la publication de livres calomniant Lénine, les bolcheviks, la révolution russe et toute tentative de la classe ouvrière de transformer la société. L’objectif est clair : convaincre les travailleurs d’accepter le capitalisme.

Ce mur idéologique capitaliste commence aujourd’hui à se fissurer. Partout dans le monde occidental, des États-Unis au Royaume-Uni en passant par le Canada, le nombre de personnes qui considèrent le communisme comme le système idéal est en nette augmentation. C’est particulièrement le cas chez les jeunes, qui sont plus d’un million à être communistes au Canada.

Que se passe-t-il? Qu’est-ce qui fait que les jeunes sont infectés par le virus communiste? L’explication réside dans la crise du système capitaliste lui-même.

Le déclin du capitalisme canadien

S’il est un pays que l’on peut présenter comme un bastion de stabilité et de réussite capitaliste, c’est bien le Canada. Cependant, les jours de gloire du capitalisme canadien appartiennent à un passé lointain. À sa place, nous assistons à un déclin constant et sénile.

Au cours de la dernière décennie, la croissance moyenne du PIB du Canada est tombée à 0,8% en moyenne, soit le taux le plus bas depuis les années 1930. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a récemment prédit que le Canada serait le pays le plus mal loti de ses 29 membres au cours des 40 prochaines années.

Jadis, les taux de croissance élevés ont permis la création de l’État-providence et une partie importante de la population a pu accéder à des conditions de vie semi-civilisées. Aujourd’hui, c’est l’inverse qui se produit. Près de la moitié des Canadiens vivent d’un chèque de paie à l’autre. Les ménages croulent sous les dettes, qui représentent en moyenne 180% de leurs revenus. La situation va encore s’aggraver, alors que 3 400 000 hypothèques doivent être renouvelées au cours des 18 prochains mois. En moyenne, les paiements hypothécaires augmenteront de 30 à 40%. Dans des villes comme Toronto et Vancouver, cela représentera plus de 1000 dollars supplémentaires par mois.

Consciemment ou non, tout le monde sait que le capitalisme a échoué. En 2012, 37% des personnes interrogées pensaient que leurs enfants auraient un niveau de vie inférieur au leur. Aujourd’hui, ce chiffre est passé à 75%. Le fait que le capitalisme soit incapable de faire avancer la société n’est plus une thèse abstraite, mais une réalité tangible pour des millions de personnes dans leur vie quotidienne. Face à cette situation intenable, on observe un niveau record de colère dans la société, principalement au sujet de l’économie, du logement et du gouvernement fédéral.

Cela érode toute la base de la stabilité politique que la bourgeoisie a réussi à établir dans le passé. « La paix, l’ordre et le bon gouvernement » seront de plus en plus remplacés par les guerres, le chaos et des gouvernements défaillants. Nous en voyons déjà les premiers signes. Un récent sondage a révélé un effondrement du soutien aux principales institutions de la société capitaliste, montrant que seulement 40% des Canadiens font confiance aux médias, 37% au Sénat, 36% au Cabinet du premier ministre, et seulement 28% aux grandes entreprises.

Mettant en garde contre cette situation, l’Institut Fraser, un groupe de réflexion de droite, explique : « La faible croissance depuis 2008 a engendré des mouvements populistes dans plusieurs pays, ce qui a conduit au vote de la Grande-Bretagne pour quitter l’Union européenne et à l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. » L’auteur poursuit en lançant un avertissement de mauvais augure : « L’histoire montre que les précédentes périodes de stagnation ou de déclin économique ont libéré des forces sociales et politiques bien pires que le protectionnisme. » Les représentants clairvoyants de la classe dirigeante sont de plus en plus inquiets. Et ils ont raison de l’être! La révolution arrive et ils ne peuvent rien y faire.

L’impuissance du réformisme

L’une des raisons de la stabilité du système capitaliste au Canada est la force du réformisme. Au lieu de se tourner vers la révolution, l’idée dominante dans le mouvement est que le système peut être réformé et que les arêtes vives du capitalisme peuvent être adoucies. Cette croyance a fini par dominer le mouvement syndical et la gauche en raison des réformes obtenues dans le passé, comme les soins de santé universels et les emplois syndiqués de qualité.

Aujourd’hui, c’est toute la base matérielle du réformisme qui a été détruite. De plus en plus, les diverses « solutions » réformistes s’apparentent à réarranger les chaises sur le Titanic. En effet, le capitalisme, loin d’être en bonne santé, traverse sa crise la plus profonde depuis la Grande Dépression des années 1930. Le réformisme est une voiture qui roule à vide. Le déclin du capitalisme rend non seulement impossible toute réforme durable et significative, mais il nous fait régresser dans tous les domaines.

C’est pourquoi, en tant que communistes, nous sommes absolument convaincus que le système ne peut être réformé. Nous luttons au contraire pour une révolution de la classe ouvrière afin de mener à bien la reconstruction socialiste de la société. Les idées réformistes, elles, n’ont plus de base sur laquelle s’appuyer. Les idées qui s’imposeront seront de plus en plus des idées révolutionnaires qui cherchent à rompre avec le système capitaliste.

Les communistes ne sont pas des réformistes, mais cela ne signifie pas que nous sommes opposés aux réformes qui profitent à la classe ouvrière – bien au contraire! En fait, notre principale critique à l’égard des réformistes au Canada est précisément qu’ils ne se battent pas pour des réformes significatives. Cela est devenu de plus en plus évident pour des millions de personnes et explique pourquoi des partis comme le NPD et Québec solidaire ne parviennent pas à susciter l’enthousiasme malgré la situation générale favorable à la croissance de la gauche.

Au Canada, le NPD est l’exemple le plus clair de cette situation. Bien qu’il s’agisse nominalement d’un parti « socialiste » ayant des liens avec le mouvement ouvrier, la direction du parti s’est révélée complètement inepte et soumise au gouvernement et au système capitaliste. En fait, le gouvernement libéral existe par la grâce de Jagmeet Singh, qui le soutient tout en ne recevant pratiquement rien en retour.

Cela n’est pas dû à une quelconque faiblesse personnelle de Jagmeet Singh, mais à sa perspective réformiste, incapable de voir plus loin que le système capitaliste. Nous avons vu la conséquence de cette vision avec les gouvernements néo-démocrates provinciaux de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de l’Ontario et de la Nouvelle-Écosse. La tendance à abandonner toute réforme significative et à capituler devant les capitalistes est bien plus forte aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été. En effet, après près de 15 ans de crise à tous les niveaux, même les réformistes « socialistes » les plus audacieux comme Bernie Sanders et Jeremy Corbyn ont tous fini par capituler devant les libéraux et n’ont pas réussi à faire avancer la lutte. C’est pourquoi nous disons que la trahison est inhérente au réformisme.

Au Canada, l’immense colère qui règne dans la société est exploitée par la droite. En l’absence d’un véritable canal révolutionnaire de gauche pour l’extrême colère qui monte dans la société, le principal bénéficiaire est Pierre Poilievre et le Parti conservateur du Canada. Les derniers sondages donnent tous une avance d’environ 20 points aux conservateurs. Alors que les libéraux donnent des signes d’une réorientation vers l’austérité (ils parlent de « rigueur budgétaire »), l’élection d’un gouvernement conservateur de Poilievre constituerait sans aucun doute un changement violent dans cette direction.

Optimisme révolutionnaire

La profondeur et l’ampleur de la crise de la société sont évidentes pour toute personne dotée d’un cerveau fonctionnel. Même les grands stratèges du capital du Forum économique mondial (FEM) ont publié un rapport détaillant ce qu’ils appellent une « polycrise ». Qu’il s’agisse de la crise du coût de la vie, de la crise environnementale, de la guerre en Ukraine, du nettoyage ethnique de la Palestine, de la crise des réfugiés ou de la polarisation sociale et de l’instabilité politique qui touchent tous les pays, la société capitaliste est en train de se déchirer.

La situation ne fait qu’empirer. Même les personnes interrogées dans le cadre de l’enquête du FEM le reconnaissent, puisque seulement 9% d’entre elles ont déclaré qu’elles pensaient que le monde retrouverait un état de « stabilité renouvelée avec un regain de résilience mondiale » au cours des dix prochaines années.

Face à cette situation, nombreux sont ceux qui, à gauche, sont déprimés. Nous pensons que cette déprime ambiante n’est due qu’au fait que le réformisme a échoué et que les gens ne voient pas d’issue. Mais les révolutionnaires n’ont aucune raison d’être déprimés. En regardant sous la surface, nous pouvons voir que la faillite du réformisme et de la gauche mainstream ne sont pas le résultat d’un quelconque virage des travailleurs vers la droite, mais de leur désillusion face au capitalisme et à ses institutions.

Déjà, en réponse à la crise, la classe ouvrière se bat et redécouvre ses traditions révolutionnaires. L’année 2023 a été marquée par une résurgence de la lutte des classes, avec le plus grand nombre de jours de grève depuis 2005.

Nous assistons à un changement radical des consciences au caractère très progressiste, voire révolutionnaire. Pour la première fois depuis des décennies, il existe un grand bassin de personnes qui se considèrent comme communistes. Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que nous sommes confrontés à la situation la plus favorable à la construction d’une véritable gauche révolutionnaire depuis au moins les années 1970. Mais personne ne le fera à notre place. Nous devons affronter cette crise sans précédent avec une solution communiste révolutionnaire optimiste.

Opposés à la vision réformiste qui fait plus confiance au système capitaliste que les capitalistes eux-mêmes, nous pensons que seule la révolution peut nous sortir de cette impasse. Et bonne nouvelle! Le déclin du capitalisme est constamment en train de provoquer de nouvelles révolutions. Des millions de personnes, de l’Égypte au Sri Lanka en passant par le Chili, se sont révoltées dans le monde entier au cours des dernières années. Si les pays capitalistes avancés comme le Canada ont pu éviter la révolution, il n’y a guère de raisons de croire qu’ils pourront éviter cette tempête pour toujours. Déjà, de nombreux pays capitalistes avancés ont été secoués par des mouvements de masse et des crises révolutionnaires. La Grande-Bretagne, la France et même nos voisins du sud aux États-Unis ont été secoués par des mouvements de masse récemment. Ne vous y trompez pas, la révolution arrive au Canada.

Pourquoi le communisme?

Il ne suffit pas de se déclarer révolutionnaire. Il ne suffit pas de dénoncer les institutions oppressives qui dominent nos vies. Autrement dit, il ne suffit pas d’être contre quelque chose, il faut être pour quelque chose. C’est pourquoi nous avons besoin du communisme.

Être communiste, c’est croire qu’une autre forme de société est possible. C’est croire que nous ne sommes pas obligés de nous baser sur le profit privé et la propriété privée d’une petite minorité. C’est croire que si toutes les immenses richesses que nous produisons collectivement étaient contrôlées par la classe ouvrière et non par la bourgeoisie, les possibilités seraient presque infinies.

Ces idées sont le seul moyen de donner de l’espoir aux gens et d’organiser les opprimés contre ce système. Nous ne nous battons pas simplement pour remplacer une série de dirigeants réactionnaires par une autre, comme cela s’est fait en Égypte, au Soudan, au Sri Lanka, etc. Nous luttons pour que la classe ouvrière dirige la société. Voilà ce que signifie le communisme.

Le communisme n’est pas une utopie féerique imaginée par Marx. Comme l’ont expliqué Marx et Engels, la possibilité du communisme découle du capitalisme lui-même, tant sur le plan économique que politique.

Sur le plan économique, le capitalisme a développé les forces productives à des niveaux inégalés, créant ainsi la base matérielle nécessaire à la libération des masses laborieuses. À la place du soi-disant marché libre, nous avons des monopoles et des cartels géants qui possèdent, contrôlent et planifient les principaux secteurs de l’économie. Les communistes affirment que ces monopoles devraient être placés sous le contrôle démocratique des travailleurs.

Politiquement, le capitalisme a créé le prolétariat, qui est la seule classe qui prend part à la production sociale. Le prolétariat moderne, lorsqu’il entre en action, le fait collectivement. C’est pourquoi Marx expliquait dans le Manifeste du Parti communiste que : « Le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d’appropriation. Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs. »

Un outil pour construire le parti

Le capitalisme ne disparaîtra pas de lui-même. Les centaines de milliers de communistes au Canada doivent se rassembler en une organisation. Nous avons déjà exploité ce sentiment dans la seconde moitié de 2023 avec la campagne « Es-tu communiste? » Des milliers de communistes nous ont contactés pour s’impliquer, ce qui fait que nous sommes maintenant près de 700 communistes!

Sur cette base, en plus de publier Révolution communiste, nous sommes heureux d’annoncer le lancement d’un nouveau Parti communiste révolutionnaire! Celui-ci sera officiellement lancé lors de l’École d’hiver marxiste de Montréal, la fin de semaine des 17 et 18 février. Nous invitons tout le monde à s’inscrire aujourd’hui pour faire partie de ce qui sera un rassemblement vraiment historique.

Révolution communiste ne sera pas un simple journal d’opinion de gauche, mais un outil pour construire ce parti. Il contiendra un message révolutionnaire et communiste sans équivoque que les camarades utiliseront d’un bout à l’autre du pays, dans chaque école, chaque quartier et chaque lieu de travail pour rallier les forces du communisme. Révolution communiste sera une bannière à brandir. Nous mènerons une campagne pour ce nouveau parti communiste révolutionnaire et utiliserons Révolution communiste pour ce faire.

En plus d’articles théoriques de haut niveau et d’articles sur l’histoire révolutionnaire, Révolution communiste vise à refléter la rage croissante au cœur de la société. C’est pourquoi notre journal, contrairement à d’autres publications, ne sera pas simplement un journal pour les travailleurs, mais par les travailleurs. Qu’il s’agisse de la dernière chose horrible qu’a faite votre patron ou l’administration de l’université, Révolution communiste voudra vous entendre et publier votre histoire. Nous voulons également que ce journal publie des reportages de première ligne sur les piquets de grève et les manifestations afin de donner une voix aux travailleurs confrontés à l’hostilité des médias bourgeois, et qu’il contienne des anecdotes sur le travail des communistes dans tout le pays. Se rassembler dans un parti signifie pouvoir partager les leçons tirées des succès de chacun. Nous encourageons donc tous nos membres, lecteurs et sympathisants à envoyer tous leurs rapports et soumissions, sous forme écrite, audio ou vidéo, à reports@marxist.ca.

Révolution communiste sera à la fois un outil d’analyse, un guide et une source d’inspiration pour mener à bien la lutte, et un outil pour vous aider à trouver des camarades communistes dans votre région et à construire le parti!

Voilà pourquoi nous avons besoin de Révolution communiste!