Congrès des marxistes au Pakistan French Share TweetLe 32ème congrès de nos camarades pakistanais s’est tenu les 9 et 10 mars. Le nombre de camarades et de sympathisants présents dépasse les prévisions. Avec 2800 camarades qui y ont assisté, il s’agit du plus grand congrès de l’histoire de cette organisation que l’on appelle The Struggle (La Lutte), qui est affiliée, comme La Riposte, à la Tendance Marxiste Internationale. Des militants sont venus à Lahore depuis des régions très éloignées. Ce n’est pas chose facile au Pakistan. Les transports coûtent cher. Les chemins de fer pakistanais, en pleine crise, occasionne des retards importants. Beaucoup d’étudiants, de jeunes chômeurs et de travailleurs qui ne peuvent pas supporter les frais de déplacement ont pu assister au congrès grâce aux collectes réalisées au cours de ces derniers mois.Le congrès a commencé par la traditionnelle lecture de poésie révolutionnaire, dans les différentes langues du Pakistan : pachto, sindhi, seraiki, ourdou, panjabi et dari. Hamid Khan a ouvert le congrès, et puis Lal Khan, le fondateur de The Struggle, a fait quelques remarques pour ouvrir le congrès. Cette année, le marxiste britannique Alan Woods, un habitué des congrès de l’organisation, ne pouvait pas être présent. Il a fait parvenir un message vidéo dans lequel il a adressé ses salutations au congrès.L’un des moments les plus forts du congrès fut l’intervention de Javed Iqbal, un camarade pakistanais de Birmingham. Javed a lu un message de la jeune sympathisante de la Tendance Marxiste Internationale, Malala Yousafzai. Malala est célèbre pour son implication dans la lutte pour l’éducation des filles au Pakistan. Lors d’une attaque des fondamentalistes dans un bus, un fanatique taliban lui a tiré une balle dans la tête. L’incident a attiré l’attention des médias du monde entier. Quelques semaines avant cette tentative d’assassinat, Malala avait pris la parole à l’université d’été de The Struggle, à Swat. Actuellement en convalescence, voici le message qu’elle a envoyé au congrès de Lahore : « Tout d’abord, je voudrais remercier The Struggle et la Tendance Marxiste Internationale pour m’avoir donné l’opportunité de parler l’année dernière à leur université d’été à Swat et de m’avoir fait connaître le marxisme et le socialisme. Concernant la question de l’éducation au Pakistan, entre autres problèmes, j’ajouterais qu’il est grand temps de s’en occuper. C’est à nous de le faire. Personne d’autre ne le fera à notre place. J’envoie mes chaleureuses salutations au congrès. Je suis convaincue que le socialisme est la seule solution et j’exhorte tous les camarades à mener la lutte à une conclusion victorieuse. C’est le seul moyen de briser les chaines des préjugés religieux et de l’exploitation ».Une amie proche de Malala, présente dans le bus lors de la tentative d’assassinat, a participé au congrès. Elle a pris la parole et a lu un poème.Europe et Moyen-OrientLa première session du congrès a commencé par un exposé de Fred Weston, sur le thème des perspectives mondiales. Il a surtout parlé de la situation en Europe et au Moyen-Orient. Fred a expliqué les causes principales du tournant dans l’économie mondiale en 2008. Il a insisté sur les conséquences sociales de la crise, avec la détérioration des conditions de vie et la montée du chômage. Il a également parlé de la radicalisation chez les jeunes et les travailleurs, qui ne se limite plus, disait-il, aux pays du sud de l’Europe, mais touche désormais des pays tels que le Danemark et la Grande-Bretagne.Au sujet du Moyen-Orient, Fred a dressé un bilan des événements de 2011. Il a montré comment, malgré la force des mouvements révolutionnaires, dans l’absence d’une direction révolutionnaire, le vide et comblé par des islamistes comme les Frères Musulmans. Mais puisque ces réactionnaires ne peuvent pas offrir une solution à la crise du capitalisme, ils se sont rapidement discrédités. Maintenant, en Egypte, comme en Tunisie, une nouvelle vague de révolution est en cours. Les jeunes et les travailleurs commencent à tirer les leçons de leur expérience.Claudio Bellotti, un camarade italien, membre du comité exécutif du Parti de la Refondation Comuniste (PRC) et rédacteur du journal Falce Martello a parlé de la situation en Italie après les dernières élections. Il a expliqué la gravité de la crise italienne et la menace que cette situation représente pour l’Union Européenne. Fred Weston, dans sa conclusion, a expliqué que la victoire la révolution socialiste n’était pas garantie, comme l’histoire nous l’a montré à de nombreuses reprises. Une révolution victorieuse requiert un mouvement marxiste suffisamment développé pour offrir une direction révolutionnaire au mouvement ouvrier.Perspectives pour le PakistanLa deuxième session portait sur la crise sociale, économique et politique au Pakistan. Adam Pal a l’a introduite par un discours passionné dans lequel il a rappelé les terribles conditions dont souffrent le peuple pakistanais. Il a notamment évoqué la montée du chômage et de la pauvreté, l’effondrement des infrastructures et la fermeture de pans entiers de l’industrie. Et dans ce contexte, les nombreux conflits ethniques, comme au Sind ou au Baloutchistan, où différentes fractions de la classe dominante, appuyées par des puissances impérialistes, provoquent ces conflits pour avancer leurs intérêts.Adam a évoqué la haine grandissante des masses envers la classe dominante qui prépare le terrain pour une explosion sociale comparable à celles qui ont eu lieu en Tunisie et en Egypte. Après une série d’interventions, la conférence s’est divisée en trois commissions : sur les syndicats, sur la jeunesse et sur les femmes, afin de discuter plus en détail de ces questions importantes.Avant la fin de la session du soir, le célèbre chanteur Jawad Ahmed est venu à la tribune pour présenter son dernier album, dans lequel on trouve plusieurs chansons très émouvantes. L’une d’elles parle de l’incendie d’une usine à Karachi en septembre dernier, dans lequel plus de trois cents travailleurs ont trouvé la mort. Une autre évoque la vie de Bhagat Singh, un militant révolutionnaire pendu par les britannique en 1931. Jawad a aussi écrit une nouvelle version ourdoue de l’Internationale, chantée à la fin du congrès (voir vidéo ci-dessous).